Droit comparé et… droit musulman

jurisdiversitas

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RÉSUMÉ :

Au début du XXe siècle, une défiance régnait dans le milieu juridique arabe vis-à-vis du droit musulman classique (fiqh). Ses règles, élaborées dans un monde profondément différent du monde actuel, étaient considérées inaptes à appréhender la complexité de la vie moderne. Sanhoury, grand architecte des codifications civiles arabes, fit le vœu d’une renaissance du droit musulman au travers du droit comparé. Il pensait que le droit musulman – même s’il était légitime qu’il constitue une source privilégiée du droit – ne pouvait être transformé en normes de droit positif sans une réflexion scientifique préalable. Cette mise en œuvre contemporaine nécessiterait donc au préalable de faire régénérer ce droit : une tâche à entreprendre en faisant appel aux techniques du droit comparé. Environ un siècle plus tard, les préoccupations restent les mêmes. On devait substituer aux systèmes d’inspiration occidentale, un système basé sur les préceptes islamiques. Poussés par un vent d’islamisation, de nombreux pays arabes ont mis en place des codes civils censés être la traduction du droit musulman dans sa forme nouvelle. Toutefois, ce lien de filiation est souvent mis en doute et l’application de la Charia deviendra une revendication principale des mouvements se réclamant de l’Islam politique. C’est à ce moment clé qu’il faut s’arrêter pour réfléchir sur les rapports entre le droit musulman et le droit comparé. Comment le droit comparé peut-il contribuer au renouveau du droit musulman ? Dans quelle mesure la méthode comparative a pu être utilisée par les codificateurs arabes dans leur quête d’une législation moderne « Sharia-compatible » ? C’est à l’issu d’une telle analyse qu’on pourra conclure si le vœu des réformateurs arabes, tels que Sanhoury, « d’une évolution profonde du droit musulman pénétré de l’esprit moderne », a été exaucé.

Ce contenu a été mis à jour le 3 août 2016 à 14 h 38 min.